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l'atelier de flanelle
12 novembre 2006

ABCD'R : P comme... Points

(edit : Pas trouvé les bouquins, encore une histoire de cartons, je présume, et pas eu le temps de vous chercher des photos... )

P comme... Points.

Pas de points de ponctuation pour ce blog mais des points à l'aiguille ou au crochet, des points de couture et de broderie, des points de tricot, ajourés ou pas.

En ce moment, vous avez pu le constater, les points de dentelle au tricot ou des points d'entrelac ont la côte au sein de la communauté virtuelle du tricot. Je n'ai toujours pas trouvé le temps de me consacrer à ces ouvrages arachnéens mais de plus en plus de personnes travaillent à les faire reconnaître et à soutenir les ouvrières zélées qui s'y essaient. Tricotin.com a participé au développement de cette communauté mais j'ai découvert récemment un forum avec deux modératrices bien connues Dodile et Midian qui en fait une priorité : Celui de la dentellite.

Marie-Claire Idées a édité avec le support de Phildar ( tu m'étonnes ! Moi qui possède les deux guides, je ne leur trouve pas beaucoup de différences... ) un guide des points de tricot

En broderies, je me souviens d'avoir acquis un petit ouvrage broché de DMC ( malheureusement, pas de photos, il est toujours en carton et aucune idée de quel carton... ), la couverture a changé mais il a été ré édité régulièrement me semble-t-il.

J'en ai trouvé d'autres. Petite, j'étais dans une école Freinet, très ouverte, très intéressante, l'une de mes expériences scolaires les plus supportable au final. En pleines années 70, les ateliers proposés par les parents tournaient souvent autour des activités telles que le bricolage et les travaux d'aiguilles... Marrant comme on trouvait à la fois une forte émergence féministe et ce retour aux anciennes valeurs manuelles en même temps... Bref, c'est là que j'ai tiré sur ma première aiguillée de fil. J'étais fascinée par la possibilité artistique de ces longueurs de fil, de ces points qui dessinaient en relief une fleur, qui coloriaient une montagne, qui faisaient apparaître les contours des personnages et de bien d'autres choses. Faut dire que chez moi, ma mère, en révolte contre toute une éducation rigide ( je simplifie bien sûr ), avait réussi à se persuader de ne pas même savoir enfiler un fil dans le châs de l'aiguille. Encore aujourd'hui, c'est souvent moi qui recouds ses boutons...

Je dessinais et peignais beaucoup jusqu'à la fin de l'adolescence et la capacité sans fin des arts du fil à représenter ou à créer de toutes pièces, leur dimension esthétique m'a toujours subjuguée... Sans pour autant que je n'ose aller au-delà de quelques notions de débutante... Il est des interdits et des obstacles difficiles à franchir parfois... Dans une famille où ces activités-là n'étaient pas en vigueur, dans un univers intellectuel que j'adore par ailleurs où tout ceci n'était que bas de l'échelle sociale et ennui terrible, j'ai renoncé à mes tricots pour poupons. Enceinte de mon 1er enfant, j'ai repris mes aiguilles à tricoter, à coudre et à broder. Et toute seule j'ai réessayé : Un fiasco complet : Les chaussons étaient trop grands, sans machine à coudre, mes ourlets de couverture n'étaient pas réguliers, sans connaissance sur comment rigidifier un ouvrage, mon tour de lit baillait tant et plus, sans compter les rires gentils mais tout de même bien présents quand mon entourage a "admiré" le résultat...

J'ai commencé à acheter des coupons...

Avec mon 2ème enfant, j'ai rencontré une maman sage-femme qui occupait ses nuits de garde en travaux d'aiguilles. Elle m'a aidée et soutenue dans mes énièmes débuts. J'ai acquis ma 1ère machine à coudre et n'ai fait que du point droit sur des kilomètres d'ouvrages. Je n'osais pas tester les points fantaisie. Les rires ont fait place à une certaine condescendance : Dans la recherche littéraire on comprend mal l'intérêt de la couture ou du tricot. Quant au point de croix... J'étais tout bonnement archaïque et ridicule et on plaignait discrètement mon futur mari (euh... oui, je vous le rappelle on a tout fait à l'envers ! )

J'ai acheté des revues et des livres sur le Hardanger, le sashiko, le patchwork, et j'en passe...

À la naissance de ma fille, j'ai arrêté de travailler, consciemment. J'ai repris internet. J'ai découvert que je n'étais pas toute seule. J'ai admiré les ouvrages si fins de nombre d'entre nous, les créations de toutes ces mamans ( pas que des mamans mais je m'identifiais que voulez-vous ), une intense boulimie s'en est suivi.

J'ai commencé à stocker les pelotes de laine...

J'ai décidé qu'hormis pour mes enfants, je ne laisserais plus personne ni plus rien me détourner de mes envies de fils et de points divers. J'ai encore des milliers de techniques à tester, des centaines de points à essayer, des milliards d'ouvrages à réaliser, de projets à inventer, et combien de pages internet encore à feuilleter, à rédiger ? Pfffff !

Ce qui me rend mélancolique, méditative ? L'art textile ! Ces créateurs me montrent à quel point je me suis laissée berner par des convictions obsolètes : L'art c'est la sculpture, la peinture... Et non, ce n'est pas que ça, c'est aussi une histoire de points, de fils, de trame et de libre interprétation de techniques transmises de générations en générations...

C'est pour ça que je parle d'autocensure dans mes 101 projets, c'est mon plus grand combat à ce jour et il est loin, très loin d'être terminé... Mais déjà je connais mon adversaire, c'est une première étape de taille, non ?

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Commentaires
S
C'est marrant, jai aussi unsac de vieux vêtements inutilisables que je garde parce que chargés de nos souvenirs pour en faire un jour quelque choses ;)<br /> <br /> va falloir se motiver!!
I
je lis ton blog...la question dans ce message...la réponse dans celui qui précède!...c'est beau la vie...;o)))
S
On se croit bien trop souvent seule devant son ouvrage alors que nous sommes très nombreuses
L
Oui, ton "travail" en la matière est bien avancé ;-)... Mais c'est sûr que les préjugés ont la vie très très dure :-(...<br /> <br /> Ici, il a fallu que je me réveille après un long sommeil... Quand j'étais ado, c'est ma grand-mère et mes cousines qui m'ont initié essentiellement au tricot... Et puis, mon chéri m'a rapidement dit qu'il pensait que seules les grands-mères et les ringardes pouvaient trouver grâce aux travaux d'aiguilles... Il m'a fallu une très longue maturation interne avant d'envoyer promener son opinion et de ressortir des aiguilles !!! En fait, cela m'a fait un break de 13 ans !!!!... Et mes créations actuelles sont modestes... J'étais plus ambitieuse avant ! J'adorais faire des pulls en jacquart, mais pas avec des motifs traditionnels, avec des grands motifs géométriques et en jouant avec les couleurs... Le pire c'est qu'il ne me reste plus aucun ouvrage "d'avant" !!! Ils n'existent plus que dans mes souvenirs... et sur quelques photos que je ne saurais même pas retrouver ;-)...<br /> <br /> Là, j'en suis à faire des écharpes à mes enfants :-)))...<br /> <br /> En tout cas, merci à toi, Flanelle, parce que tes ouvrages et le partage de tes avancées continuent jour après jour à me motiver quand je délaisse un peu trop les travaux en cours ;-)...
N
Et bien je trouve que tu le combats très bien ton adversaire, tu vas gagner la guerre, c'est certain !<br /> <br /> A l'inverse de toi, ma fascination pour les travaux d'aiguilles (qui est aussi très intense) s'est faite sur le tard ! J'étais une ado sportive, très sportive... Et je concevais mal de pouvoir rester des heures assises à manipuler des fils. COmme quoi, une autre idée à combattre dans notre société : oui, il est tout à fait possible de se passionner pour des domaines très divers et au premier abord incompatibles. Après tout, l'être humain est suffisamment complexe pour ne pas se cantonner qu'à un seul champ d'activité !
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